ALAIN BROSSAT
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PENSER L'ACTUEL,
ou quels chemins pour une action politique hors de « la politique »

avec ALAIN BROSSAT philosophe

Vendredi 22 août 2008

Ecole régionale des Beaux-Arts
30, rue Hoche, Rennes

 http://planeteio.blogspot.com/ 




 





ALAIN BROSSAT
Le grand dégoût culturel

"La culture n'est pas une marchandise comme les autres", tel est l'énoncé consensuel dont on n'a pas fini de s'étonner qu'il rassemble toutes sortes de propagandistes, parfois en conflit ouvert: ministres de la Culture de tout poil, syndicalistes et intermittents du spectacle, militants associatifs, caciques de l'industrie cinématographique, etc.
Un énoncé disposant d'une force d'évidence telle qu'il produit des effets d'unanimité constitue un phénomène singulier. Mais l'évidence partagée qui forme une opinion commune, capable de fédérer ceux que, par ailleurs, tout oppose, n'est-elle pas suspecte de reposer sur une pensée nulle, sur un vide d'idées? Et pourtant cet énoncé n'est pas l'équivalent de ce que tendent à devenir, dans nos sociétés, des vocables ou des syntagmes tels que "fraternité", "France patrie des droits de l'Homme" ou " égalité de chances ". Il comporte une articulation qui mérite d'être relevée et dépliée.

 


Alain Brossat
Le sacre de la démocratie

  La démocratie contemporaine n'est pas tant une institution politique qu'une forme d'enveloppement « total » de nos existences. (...)
 Dès l'école maternelle, les enfants sont initiés aux « conduites citoyennes » et à la règle démocratique. (...)
 Comme si notre époque était celle du couronnement d'une essence démocratique dont le culte est en expansion constante.


ALAIN BROSSAT
Bouffon Impérator

À l'aube de ce règne placé sous le signe des petites et grandes infamies, la question demeure pendante: que faisons-nous face à l'intolérable? Où est la troisième voie, l'étroit défilé entre prise d'armes, comme effacée de l'horizon historique (au point qu'on hésite même à en prononcer le nom), et l'infinie acedia de l'exil intérieur?
À défaut d'autres mérites, l'avènement de Bouffon, Gorgone d'un régime sans boussole, aura servi à réveiller ces questions indispensables.


ALAIN BROSSAT
La résistance infinie

Dans les sociétés occidentales contemporaines, l'irruption de la politique en tant qu'exercice de la liberté et création de valeurs prend toujours l'institution dite « démocratique» par le travers; elle la contrarie et l'offusque. La politique qui doit s'inventer sous les auspices de la « résistance infinie» mérite ses propres noms, ses propres mots. Dans cette attente, nous ne nous reconnaissons aucunement dans la posture d'énonciation d'une position politique qui consisterait en ceci: « Nous, vrais démocrates, etc. », posture vertueuse, irréprochable et bien policée . Cette politique à venir ne s'inventera que par le côté du sauvage et de l'imprésentable; là où s'élèvera cette rumeur où se laisse distinguer le grondement: « Nous, plèbe ; nous, barbares ... » .                                            

   

Alain Brossat
Le serviteur et son maître

Du Mariage de Figaro à la Règle du jeu, de Jacques le fataliste à Puntila et son valet Matti, se dessine une figure dont on connaît la valeur littéraire, mais dont on néglige l'intérêt politique: celle du serviteur. Plus pécisément, la figure de celui qui n'a que le langage pour protester contre sa servitude. Et ce langage va compter pour beaucoup dans la perte d'autorité des maîtres : il va produire de l'égalité dans une situation par nature inégalitaire, de la sagesse dans une situation en soi délirante (se faire servir) ; en un mot: de la philosophie. La démonstration effectuée par le plébéien moderne qu'est le serviteur, adressée au puissant immémorial qu'est le maître, tourne toujours autour du même énoncé: quoique je ne sois, par origine ou par position, « rien », je vous vaux bien et je vous le prouve. Par les moyens du langage et de la pensée.


Alain Brossat
L'Animal démocratique

Nous vivons cet âge étrange où les peuples démocratiques trouvent, avec les footballeurs, les héros qu'ils méritent, où le nom du citoyen tend à devenir le cri de ralliement du troupeau humain, où la gauche de la gauche accomplit sa vocation au ministère de l'intérieur.
Nous vivons un temps où des philosophes, quand ils ne sont pas en ménage avec le pouvoir, se plaisent à intervertir les noms du persécuteur et du persécuté.
Nous entrons dans un âge où le bien vivre s'entend toujours davantage, sur un mode apolitique, comme vivre en bonne santé et en règle avec l'État.
Cela n'appelle-t-il pas quelques écarts de pensée et quelques éclats de voix?


Lignes 25
Mars 2008

Décomposition
Recomposition
Politiques

JL Amselle, A Badiou, MB Kacem, D Bensaïd, G Bensussan, A Brossat, J Dakhlia, JP Dollé, Y Dupeux P Hauser, A Jappe O Le Cour Grandmaison, E Renault

"C'est de lucidité qu'il faut faire règle de conduite. C'est par une réflexion sur les lieux de la politique, et sur ce qui, en ces lieux, se traduit et ne se traduit pas des hors-lieux (faut-il dire des ban-lieues?) des expériences et des affects collectifs, des douleurs et des blessures sociales, que pareille lucidité, politique, a chance d'advenir. Peut-être." G. Bensussan