"L'origine mathématique du structuralisme doit
plutôt être cherchée du côté du calcul
différentiel, et précisément dans l'interprétation
qu'en donnèrent Weierstrass et Russel, interprétation
statique et ordinale, qui libère définitivement le
calcul de toute référence à l'infiniment petit,
et l'intègre à une
pure logique de relations... Toute structure présente les
deux aspects suivants : un système de rapports différentiels
d'après lesquels les éléments symboliques se
déterminent
réciproquement, un système de singularités correspondant à ces
rapports et traçant l'espace de sa structure. Toute structure
est une multiplicité"
"La division du continu ne doit pas être considérée
comme celle du sable en grains, mais comme celle d'une feuille de
papier ou d'une tunique en plis, de telle façon qu'il puisse
y avoir une infinité de plis, les uns plus petits que les autres,
sans que le corps se dissolve jamais en points ou minima." Leibnitz.
Toujours un pli dans un pli, comme une caverne dans la caverne. L'unité
de matière, le plus petit élément du labyrinthe,
est pli...C'est pourquoi les parties de la matière sont des
masses ou agrégats, comme corrélat de la force élastique
compressive. Le dépli n'est donc pas le contraire du pli, mais
suit le pli jusqu'à un autre pli. "Particules tournées
en plis", et qu'un "effort contraire change et rechange".
Plis des vents, des eaux, du feu et de la terre, et plis souterrains
des filons dans la mine...
Il devient évident que le mécanisme de la matière,
en affinité avec la vie, avec l'organisme, est le ressort.
Si le monde est infiniment caverneux, s'il y a des mondes dans les
moindres corps, c'est parce qu'il y a "partout ressort dans la
matière", qui ne témoigne pas seulement de la division
infinie des parties, mais de la progression dans l'acquisition et
la perte du mouvement, tout en réalisant la conservation de
la force.La matière-pli est une matière-temps, dont
les phénomènes sont comme la décharge continuelle
d'une "infinité d'arquebuses à vent".
Alors, quand un organisme est appelé à déplier
ses propres parties, son âme animale ou sensitive s'ouvre à
tout un théâtre, dans lequel elle perçoit et ressent
d'après son unité, indépendamment de son organisme,
et pourtant inséparable.
Si bien que le ressort tantôt s'explique mécaniquement
par l'action d'un ambiant subtil, tantôt se comprend du dedans
comme intérieur au corps, "cause du mouvement qui est
déjà dans le corps", et qui n'attend du dehors
que la suppression de l'obstacle.
Parmi les peintres dits baroques, le Tintoret
et le Greco brillent, incomparables.
"Le Tintoret ou le sentiment panique de la vie" (Régis
Debray), dans lequel les âmes trébuchent dans les replis
de la matière ou chevauchent des plis jaunes de lumière,
des plis de feu qui communiquent un vertige...
Cocteau va aussi de la veille au rêve, et de la perception
consciente aux petites perceptions: "La pliure par l'entremise
de quoi l'éternité nous devient vivable ne se fait pas
dans le rêve comme dans la vie. Quelque chose de cette pliure
s'y déplie..."
Le thème du pli hante toute l'oeuvre de Michaux : "Emplie
de voiles sans fin de vouloirs obscurs. Emplie de plis, Emplis de
nuit. Emplis des plis indéfinis, des plis de ma vigie..."
"Une vague toute seule une vague à part de l'océan...c'est
un cas de spontanéité magique."
"Un dehors, plus lointain que tout
extérieur, “se tord”, “se plie”, “se double” d'un dedans plus profond
que tout intérieur, et rend seul possible le rapport dérivé de l'intérieur
avec l'extérieur. C'est même cette torsion qui définit “la chair”
au-delà du corps propre et de ses objets."
"Plis des vents, des eaux, du feu et de la terre, et plis souterrains
des filons dans les mines, semblables aux courbures des coniques,
tantôt se terminant en cercle ou en ellipse, tantôt se
prolongeant en hyperbole ou parabole.La science de la matière
a pour modèle l'"origami", dirait le philosophe japonais,
ou l'art du pli de papier. Et chez Leibniz la courbure d'univers se
prolonge suivant trois autres notions fondamentales, la fluidité
de la matière, l'élasticité des corps, le ressort
comme mécanisme. Alors, quand un organisme est appelé
à déplier ses propres parties, son âme animale
ou sensitive s'ouvre à tout un théâtre, dans lequel
il puise toute son énergie."