DON DELILLO
Bruit de fond
Traduction de l’américain de Michel Courtois-Fourcy
- “Peut-être devrions-nous nous inquiéter davantage de ce gros nuage, dit-elle. C’est à cause des enfants que nous disons que rien n’arrivera. Nous ne voulons pas les effrayer.
— Rien n’arrivera.
— Je sais que rien n’arrivera, tu sais que rien n’arrivera. Néanmoins, nous devons, d’une certaine manière, y penser, au cas où…
— Ces choses n’arrivent qu’aux gens qui vivent dans des zones dangereuses. La société est organisée de telle manière que ce sont les pauvres, les gens sans éducation, qui supportent la plupart des désastres naturels ou accidentels. Les gens qui habitent les rives dangereuses des fleuves subissent les inondations, les gens qui vivent dans les taudis sont décimés par les ouragans et les tornades. Je suis un professeur d’université. As-tu déjà vu un professeur d’université ramer de toutes ses forces dans une barque pour remonter sa rue inondée, comme on le voit à la télévision ? Nous vivons dans une ville agréable et propre, près d’une université qui porte un nom à l’air vieillot. Ce genre de choses n’arrive pas dans des endroits comme Blacksmith.”
"Le temps des araignées est arrivé. Les araignées dans les coins près des plafonds, des cocons au creux des toiles. Des fils argentés qui semblent produits par de la lumière pure, une lumière fragile comme une information, mais pourvoyeuse d’idées. "