ROLAND GORI
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2022

ROLAND GORI
La fabrique de nos servitudes


"Depuis plus de vingt ans dans les champs que je fréquente – soin, université, éducation, recherche, culture, information… –, les gouvernements successifs ont installé des fabriques de servitude volontaire et de soumission sociale, au nom du progrès et de la modernisation. Ces dispositifs ont fini par pulvériser non seulement les acquis sociaux de l’État social, mais aussi le goût de la pensée révoltée et la saveur du vivant. "

"Ce livre doit beaucoup à l’affirmation de Gilles Deleuze selon laquelle "  l’œuvre d’art n’est pas un instrument de communication. L’œuvre d’art n’a rien à faire avec la communication. L’œuvre d’art ne contient strictement pas la moindre information. En revanche, il y a une affinité fondamentale entre l’œuvre d’art et l’acte de résistance.""

"Le nouvel esprit utopique devrait inventer de nouvelles façons de vivre et de penser dans une logique du multiple et de la diversité. Un tel défi de cette nouvelle modernité ne pourra être relevé qu’à la condition de vivre et de penser une fraternité, seule valeur à même de « réconcilier ces deux sœurs ennemies » que sont la liberté et l’égalité comme le rappelait Henri Bergson. Cette nouvelle utopie humaniste se devra de réviser un certain nombre de référentiels à même d’inventer des « modes d’être de l’ordre » pour faire en sorte que du chaos vers lequel nous nous dirigeons avec angoisse émerge un autre imaginaire, qui n’est somme toute qu’une forme pour affronter la mort."

" La langue est vivante, chaude et fluctuante comme un organisme, comme la terre, faite de continuités et de discontinuités, elle rassemble et sédimente les mouvements des actes de langage, le plissement de leurs significations, l’altération de leurs grammaires, les fractures et les recompositions de leurs signifiants."

 


 

ROLAND GORI
Et si l'effondrement avait déjà eu lieu
L'étrange défaite de nos croyances

" Il n'y a aucune raison sérieuse de penser que l'humain puisse se traiter d'une meilleure manière qu'il ne traite les autres humains et la nature."

"Les discours collapsologiques, comme les analyses solastalgiques, nous mettent légitimement en garde contre la destruction de la planète sous l’effet conjugué du capitalisme débridé et mondialisé et de la civilisation des mœurs qui exploitent les potentialités maniaques des sujets humains. Ce faisant, non seulement nous détruisons notre terre, mais nous anéantissons notre « sol » psychique et corporel par une dématérialisation croissante nous réduisant à de simples paquets d’informations numériques."

2020



2017

ROLAND GORI, BERNARD LUBAT, CHARLES SILVESTRE
Manifeste des œuvriers

Le désir de retour à l’œuvre sonne à toutes les portes de la vie : la vie de l’humain qu’on soigne, qu’on éduque, à qui on rend justice, qui s’informe, qui se cultive, qui joue, qui s’associe, qui se bat, fort de la solidarité qui s’offre à qui sait la chercher.
Ce manifeste revendique la place de l'homme au centre des activités de production et création, pour lutter contre la normalisation technocratique et financière.

Un monde dés-œuvré est un monde sans avenir.


2015

ROLAND GORI
L'individu ingouvernable

"La principale caractéristique de l'homme de masse n'est pas la brutalité ou le retard mental, mais l'isolement et le manque de rapports sociaux normaux." Hannah Arendt

"L'administration de la peur, cela signifie aussi que les Etats sont tentés de faire de la peur, de son orchestration, de sa gestion, une politique." Paul Virilio

"Conformément à une tendance en acte dans toutes les démocraties occidentales, la déclaration de l'état d'exception est progressivement remplacée par une généralisation sans précédent du paradigme de la sécurité comme technique normale de gouvernement." Giorgio Agamben

 


2014

ROLAND GORI
Faut-il renoncer à la liberté
pour être heureux?

"Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté". Confucius

"La croissance économique se révèlera peut-être un jour un fléau plutôt qu'un bienfait mais en aucune circonstance elle ne pourra mener à la liberté ou constituer une preuve de son existence?" Hannah Arendt

"Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières." Kant


ROLAND GORI
La fabrique des imposteurs

"A une époque où la loi était considérée comme la source principale du droit, il était normal que ce soit les règles légales qui en soient l'objet. Depuis le xxe siècle et encore aujourd'hui, alors que les sources des règles sociales tendent à se diversifier par le jeu des normes, des recommandations, des déclarations et des standardisations, le droit tend à prendre pour objet l'ensemble des normes. Mais l'autorité qui décrète une loi et l'autorité qui édicté une norme n'ont pas la même origine. C'est ce point que je souhaite souligner : l'évolution constante qui conduit les normes à englober les lois permet leur modification sans véritable débat politique et réflexion sur les principes philosophiques ui les fondent."

"C'est ce pouvoir redoutable de transformation des rapports sociaux par le système des normes qui constitue aujourd'hui la menace la plus sérieuse à laquelle les citoyens et les professionnels ont à faire. Pierre après pierre, il construit le mur de nos servitudes et obture le champ de la démocratie."

2013


"Progressivement d'une manière propre à notre civilisation des mœurs, c'est aux dispositifs normatifs que l'on confie le soin de régler le problème de fond que la loi, le débat citoyen, le débat démocratique ont laissé en suspens. Et c'est en jouant sur des règles souvent purement formelles que ces dispositifs caractéristiques de notre civilisation imposent des normes et favorisent des courants de pensée et des pratiques, souvent les plus en phase avec les valeurs idéologiques de la société concernée."

"La conjonction d'un système totalitaire de normes imposé par une évaluation généralisée prétendument objective qui transforme les humains en choses, leurs actes en marchandises, dont les effets sont amplifiés par la puissance de la technique, la destruction progressive des tissus démocratiques, fait d'autant plus courir un risque à la démocratie que l'avenir semble incertain, confus, indécis, et que le corps social perd lentement ses repères."

"Ce risque est d'autant plus grand aujourd'hui que les figures de l'intellectuel et du savant ont été démolies et disloquées au profit de ces « petits maîtres » que sont devenus les experts. Jamais autant qu'aujourd'hui la démocratie n'a été menacée par un «coup d'État permanent», insidieux, doux et féroce à la fois, une inclination généralisée des masses à s'en remettre à un pouvoir anonyme, injuste et lâche mais redoutablement efficace, garant des inégalités sociales et de leur accroissement obscène, et largement légitimé par un « savoir non narratif» des chiffres et des notations que lui procurent les «imposteurs de l'économie» et autres «scribes de nos nouvelles servitudes ». C'est aussi la science que l'on assassine en son nom."

" Je revendique avec Edouard Glissant et Patrick Chamoiseau L'Intraitable Beauté du monde , la «créolisation » des sociétés modernes et de leurs cultures, les métissages des traditions et des formes de rationalité, la magie du signifiant et l'efficace du signe, l'abandon créateur du rêve et la saisie-arrêt du réalisme, le potentiel du chaos et l'ordre insurgé de la pensée vigile, la rigueur de la poésie et la beauté des mathématiques, l'impensable et le prédictible, le labeur et le jeu, le mélange des genres et la police du raisonnement, le lâcher-prise et le choix calculé, la «diversité consentie» et la transmission assumée, les archipels de l'imaginaire et les océans de la technique, les éclairs des poèmes et les foudres du savoir, « le jazz et la java ». J'exige une « pensée de la diversité » qui refuse les morales d'État civil et les assignations à résidence des individus et des formes de vie, des formes du penser et de l'éprouver. Je revendique le tour de main de l'artisan et la haute technologie des tours de contrôle, je revendique l'esprit du village grec ou corse et la liberté des villes, la haute solitude de l'Alta Rocca et le bruissement de Montparnasse. Je revendique la biodiversité, la « créolisation » de l'existence, sans laquelle la liberté est un leurre. Je revendique la liberté de désirer en vain, celle qui trouve dans le réel les limites de l'impossible, sans concession aux conformismes et autres chloroformes de la nouvelle civilisation des mœurs."

" Aucune connaissance, aucun savoir sans exception, n'est véritablement émancipateur s'il ne parvient pas à ces solutions de fortune qui transforment un point de vulnérabilité, de manque ou d'insuffisance, en progrès et en invention."

"La grande pauvreté aujourd'hui est aussi celle de notre manière monotone de voir le monde, de le dire et de le penser. La misère est autant matérielle que symbolique, son traitement aussi. Il faut rendre au langage, en politique comme ailleurs, la puissance symbolique, l'efficacité performative qui a fondé les démocraties en répondant à «l'impatience de l'égalité». Il faut permettre au langage et à la parole politiques de troubler l'ordre «normal». Laissons au poète le dernier mot : «Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard ni patience »

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