PAUL LYNCH
Un ciel rouge, le matin
Traduction de l'anglais (Irlande) de Marina Boraso
"Une tension contracte tout son être et Coyle refuse d’admettre qu’il a peur. Pendant des heures il a contemplé avec effroi la lente éclosion du jour. Derrière la vitre trouble, l’aube sur Carnavarn lui apparaît comme gondolée, une moirure de pourpre changeant. Sur les murs, la paresseuse retraite des ombres. Un immense bloc de chagrin entrave sa parole. C’est tout juste s’il a dormi. Tout au long de la nuit, des rêves tourmentés se sont glissés, sournois, dans son sommeil léger, si bien que chaque réveil était une délivrance. Mais bientôt la terreur se reformait autour de lui dans le noir, elle se condensait pour venir l’écraser de son poids formidable."
"Des nuages bas, la pluie tombe sans relâche. Faller ralentit l’allure et oblique vers un sentier étroit et pétri par les pas, suivi de ses compagnons. La laîche crisse, écrasée par les sabots des chevaux, ils parviennent en vue de la tourbière, les molles ondulations des collines sombres masquent à demi la ligne d’horizon. Le sol est tapissé de mousse. La surface de la tourbière a des tons de jaune et de brun, chinée du blanc de quelques moutons épars. On a laissé pourrir une brouette de tourbe qui penche vers une mare."