SÉBASTIEN MÉNARD
Notre désir de tendresse est infini
"J’ai un texte là tout près.
(et se répètent comme gimmick dans le break rythmique d’un blues les mots)
Il y aurait des pluies.
Ça commencerait comme ça :
« C’était un soir — et les pluies l’automne s’écroulaient ocres et lents ».
Un blues.
Un blues de l’automne.
Le jazz des pluies d’octobre — le jazz de la fin d’une saison — des routes dessinées à la main — des cartes ouvertes. Le jazz des soirées sombres — le jazz de la mer Égée — le poème du mot bouzouki — le souffle des vents du Caucase.
Un blues des flottes — des bruits de pas dans les flaques — des voix chaudes dans les eaux fraîches. Un jazz des flammes humides — et les doigts pincent des cordes en suant. Un jazz des feux qui dansent et des corps sous les abris.
Un jazz des gouttes de novembre — un blues des ombres ivres — un jazz des hivers attendus — un blues des feux qu’on regarde tenir dans la nuit.
Le jazz dingue de nos corps chancelants — nos tremblés nos virées nos nuits douces et sauvages.
Le saxophone des herbes humides.
Des pas dans le noir.
Une trompette
dans la nuit.
J’ai un texte là
tout près.
Ça finirait comme ça :
« Et sur nos peaux s’écroulaient les pluies qui gouttaient des arbres et des abris. »
Après
c’était faire un feu pour tenir la nuit."