HENRI MICHAUX
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1983

HENRI MICHAUX
le jardin exalté

"Et le jardin fut présent, tout autrement présent.
Depuis le début une profondeur subtile avait gagné son extrémité. Il s’agissait à présent d’une tout autre chose, et même d’un tout autre jardin."


1972

HENRI MICHAUX
Emergences-Résurgences

"L'art est ce qui aide à tirer de l'inertie.
Ce qui compte n'est pas le repoussement, ou le sentiment générateur, mais le tonus. C'est pour en arriver là qu'on se dirige, conscient ou inconscient, vers un état au maximum d'élan, qui est le maximum de densité, le maximum d'être, maximum d'actualisation, dont le reste n'est que le combustible - ou l'occasion."

"Trait comme une gifle qui coupe court aux explications"

"Peinture par oubli de soi, et de ce qu'on voit ou qu'on pourrait voir, peinture de ce qu'on sait, expression de sa place dans le Monde"


1971

HENRI MICHAUX
Poteaux d'angle

"Pour se délivrer d'incertitude, ils défilent, pensant qu'ils déferlent, coeurs d'enfants dans un corps de foule.
Et toi?"

"Les heures importantes sont les heures immobiles. Ces fractions du temps arrêtées, minutes quasi mortes sont ce que tu as de plus vrai, ce que tu es de plus vrai, ne les possédant pas, n'étant pas par elles possédé, sans attributs, et que tu ne pourrais « rendre », étendue horizontale par-dessus des puits sans fond."

"Les arbres frissonnent plus finement, plus amplement, plus souplement, plus gracieusement, plus infiniment qu'homme ou femme sur cette terre et soulagent davantage."


1969

HENRI MICHAUX
façons d'endormi
façons d'éveillé

En rêve, il semble que je n'ai toujours pas appris que je prends de l'âge. Je ne sais pas quel âge j'ai. Aucune référence à ce sujet, et ainsi suis-je ordinairement à mon réveil, sans âge. Toutefois, pas enfant, et plus qu'adolescent. Ce n'est pas plus précis. Il faut que je m'enfonce dans la journée, pour faire les nécessaires rectifications.


HENRI MICHAUX
Face aux verrous

"Dans le melon, un coeur battait."

"Les habitants étaient têtus, les habitants étaient sans passions. Il fallait être l' habitant pour comprendre l'habitant. L'air était triste. La lumière était sans moelleux, la terre était mouillée, l'ennui était épais. Les chiens sentant la contrainte n'aboyaient pas."

 

1954


1949

HENRI MICHAUX
La vie dans les plis

"La nuit est un grand espace cubique.
Résistant.
Extrêmement résistant.
Entassement de murs et en tous sens, qui vous limitent, qui veulent vous limiter.
Ce qu'il ne faut pas accepter.

Moi, je n'en sors pas.
Que d'obstacles pourtant j'ai déjà renversés.

Que de murs bousculés.
Mais il en reste.
Oh! pour ça, il en reste.
En ce moment je fais surtout la guerre des plafonds."


1938

HENRI MICHAUX
Plume
précédé de Lointain intérieur

"J'étais autrefois bien nerveux. Me voici sur une nouvelle voie :
Je mets une pomme sur ma table. Puis je me mets dans cette pomme. Quelle tranquillité !
Ça a l'air simple. Pourtant il y a vingt ans que j'essayais ; et je n'eusse pas réussi, voulant commencer par là. Pourquoi pas ? Je me serais cru humilié peut-être, vu sa petite taille et sa vie opaque et lente. "


HENRI MICHAUX
passages

"Je voulais dessiner la conscience d'exister et l'écoulement du temps. Comme on se tâte le pouls. Ou encore, en plus restreint, ce qui apparaît lorsque, le soir venu, repasse (en plus court et en sourdine) le film impressionné qui a subi le jour."

 "Intensité, intensité dans l’unité,
voilà ce qui est indispensable.
Il y a un certain seuil à partir duquel,
mais pas avant, une pensée-sentiment compte.
compte autrement, compte vraiment
et prend un pouvoir. Elle pourra même rayonner…"

1950


1935

 

HENRI MICHAUX
La nuit remue

"Parfois je respire plus fort et tout à coup, ma distraction continuelle aidant, le monde se soulève avec ma poitrine. Peut-être pas l'Afrique, mais de grandes choses.
Le son d'un violoncelle, le bruit d'un orchestre tout entier, le jazz bruyant à côté de moi, sombrent dans un silence de plus en plus profond, profond, étouffé.
Leur légère égratignure collabore (à la façon dont un millionième de millimètre collabore à faire un mètre) à ces ondes de toutes parts qui s'enfantent, qui s'épaulent, qui font le contrefort et l'âme de tout."


HENRI MICHAUX
Ecuador

 Ecuador est le journal d'un voyage qu 'Henri Michaux a entrepris à travers les Andes en 1928, les montagnes de l'Equateur et les forêts du Brésil pour arriver un an plus tard à l'embouchure de l'Amazone.

"Jeudi 1er mars.
L'Équateur est traversé par des rivières chocolat. J'en ai longé une tout le jour. Ces rivières consomment beaucoup de terres en passant. Il leur arrive plus d'une fois de tomber de haut. Tombant, elle semble poussière ; en bas fumée, fumée d'asphyxie, en haut cacao bouillant. Ce rio est le Pastaza. "

"RETOUR A QUITO (Il s'agit des hauts plateaux)
Lundi 12 mars.
L'Équateur est pauvre et pelé.
Des bosses ! et la terre couleur d'ecchymoses
On noire comme la truffe.
Des chemins aigus, bordés de plumeaux.
Au-dessus un ciel boueux
Puis tout à coup en l'air le lys très pur d'un haut volcan. "

1929