THOMAS MULLEN
Accueil

2020

THOMAS MULLEN
Minuit à Atlanta
Traduction de l'anglais (Etas-Unis) de Pierre Bondil

 "La décision de supprimer la ségrégation dans les établissements scolaires avait initialement abasourdi les Blancs, depuis les gouverneurs jusqu’au bas de l’échelle sociale, mais une fois le premier choc passé, une colère absolue avait succédé. Maintenant, le Sud blanc se mobilisait avec fébrilité. Les nouveaux Conseils de citoyens blancs organisaient des rassemblements, rédigeaient des lettres et mettaient un point d’honneur à châtier financièrement les Noirs qui disaient ou faisaient quelque chose pour favoriser l’accès aux droits civiques. "


Jacob Lawrence- Migrations. 1941


THOMAS MULLEN
Temps noirs
Traduction de l'anglais (Etas-Unis) de Anne-Marie Carrière

 "Des chênes majestueux ombragent la route nouvellement pavée. De part et d’autre s’étendent des champs d’arachides, de maïs et de coton. Jeremiah passe devant des bicoques sans fenêtres, au toit affaissé. Il hume le parfum du chèvrefeuille et de l’ambroisie, s’essuie le nez du revers de sa manche, il n’a pas de mouchoir au fond de sa poche, juste les soixante-quinze cents. Les avait-il le jour de son arrestation ? Il ne s’en souvient pas. Il s’agit peut-être d’une indemnité versée par l’État de Géorgie. "

2017


2016

THOMAS MULLEN
Darktown
Traduction de l'anglais (Etas-Unis) de Anne-Marie Carrière

"Atlanta, 1948. Sous le mandat présidentiel de Harry Truman, le département de police de la ville est contraint de recruter ses premiers officiers noirs. Parmi eux, les vétérans de guerre Lucius Boggs et Tommy Smith. Mais dans l’Amérique de Jim Crow, un flic noir n'a le droit ni d'arrêter un suspect, ni de conduire une voiture, ni de mettre les pieds dans les locaux de la vraie police. "


 THOMAS MULLEN
Les Protecteurs
Traduction de l'anglais (Etas-Unis) de Sébastien Guillot

"Ça me donne des scrupules bien sûr, poursuit-elle après une pause. Surtout ces derniers temps. Je veux dire, mes parents étaient politiquement très actifs. Pendant un certain temps, du moins. Je me rappelle encore qu’ils m’emmenaient au Mall avec eux, pour manifester contre la guerre des contras, la guerre du Golfe, contre la réduction du financement des écoles publiques, pour lutter contre le sida – bref, un tas de trucs. Tout ça remonte à si loin. Mais en grandissant, je ne sais pas… j’ai dû considérer que ces causes étaient les leurs, que je devais trouver les miennes. Du coup, je me suis concentrée sur mes études – je lisais le journal, je me tenais au courant, mais je ne voulais plus ressembler à l’archétype du manifestant de gauche qui braille dans les rues. J’étais convaincue d’être une bonne citoyenne malgré tout, qui travaille dur, paye ses impôts, va voter. Mais aujourd’hui… » Sa gorge se noue. Elle s’interroge certainement sur le sens de la vie, comme peuvent se le permettre les Américains privilégiés de ce début de XXIe siècle."

2011


2006

 THOMAS MULLEN
La dernière ville sur terre
Traduction de l'anglais (Etas-Unis) de Pierre Bondil

" La route menant à Commonwealth1, longue et peu engageante, s’étirait sur des miles au-delà de Timber Falls, s’enfonçant profondément dans les bois de résineux où les arbres croissaient plus haut encore, comme si le soleil les mettait au défi d’atteindre ses trop rares rayons. Telles deux armées perchées au sommet de falaises antagonistes, des sapins de Douglas dominaient de leur grande taille la route jonchée de rochers. Même les voyageurs qui, toute leur vie durant, s’étaient vu rappeler leur insignifiance, ressentaient une humilité particulière le long de cette portion de chaussée, sous la pénombre surnaturelle qui l’engloutissait. Après avoir parcouru bon nombre de miles entre les troncs, elle s’incurvait sur la droite et les arbres s’écartaient un peu. La terre brune et d’occasionnelles souches indiquaient que la forêt n’avait été que partiellement et récemment éclaircie, au prix d’une ténacité extrême. La clairière était en pente légère. Au bas du relief, un arbre coupé de frais bloquait la chaussée. Dans son écorce épaisse un panneau avait été cloué : une mise en garde adressée à des voyageurs qui n’existaient pas, un cri silencieux lancé vers les forêts sourdes. "

 " Icare avançait paisiblement et prudemment, probablement effrayé par l’aspect que prenaient les troncs des arbres à la lumière de la lanterne, les cinq ou six mètres inférieurs étant illuminés alors que le reste s’associait au néant, qu’il n’y avait rien d’autre que les esprits de la forêt en suspension au-dessus d’eux. Ou peut-être l’animal était-il effrayé, car il sentait qu’il portait un poids mort, que la légère humidité sur certaines de ses vertèbres était le sang d’un homme encore vivant quelques instants plus tôt. La neige crissait sous ses sabots et Graham oscillait à mesure qu’ils progressaient sur le sol inégal. "