ANTOINE EMAZ
Chez Olivier, il n’y a pas de restes dans les mots, après le poème. Par contre, il y a des marges.
De l’enfance affleure dans le son et les images, mais jamais de naïveté.
Quand ça s’arrête, ça s’arrête. On peut répéter le poème, le relire, ça s’arrête de même. Il travaille sur du papier millimétré.
Le poème comme un nœud délié à l’intérieur.
Ca ne chante pas, ça chantonne, ça murmure, comme s’il fallait laisser de la place au silence, ne pas occuper tout le devant de la page.
Poésie discrète, oui ; modeste, non. Elle s’affirme, elle se plante là, elle nous regarde – elle ne racole jamais.
Familière étrangeté de ses livres parce que d’un poème l’autre, la bifurcation est imprévisible. Et pourtant il y a une bande passante nette, très singulière. On ne peut pas s’y tromper.
Alors, au bout, ça renvoie au réel, au rêve, aux mots ? On n’en sait trop rien. Poème-caillou sur lequel on se casse les dents, mais pas fait pour faire mal. Quelquefois, on pense à un sourire-joconde.
Souvent, le travail du son comme une forme de politesse, pour alléger le noir, dessous, le goudron du fond, qui colle.
Ce que j’entends peut-être le plus chez Olivier, c’est le souci de la justesse, une rigueur. Ca doit tomber pile, ou bien poubelle. Et pourtant ce n’est pas cassant ; plutôt l’exactitude souple du gymnaste dans sa prestation courte. Quelque chose, oui, de l’ordre de la danse.