Abdallah Zrika
Bougies noires
Je me suis éloigné de moi-même
pour me voir
jouir de moi-même.
Mes paroles se sont éloignées de ma bouche
pour se multiplier
comme bon leur semble.
* * *
Ohé ohé c’est quoi ces joyaux
qui jettent des éclairs de larmes
dans cette boutique
Ce chien fidèle qui monte la garde
autour du vide
Comment ai-je posé ma main
sur un mur de dents
Comment toutes ces échoppes
ont-elles disparu de nuit
dans les poches
Et comment mes ongles sont-ils tombés
en automne.
* * *
Je suis toujours touché par la tendresse des ombres, le silence des coins, la grandeur des petites choses, l’itinéraire paisible d’une fourmi, et le scintillement des mots, voltigeant comme des petits papillons ici et là. Tel un voyeur, je regarde mes mots bouger comme des petits insectes, jusqu’à ce qu’ils s’effacent dans la blancheur d’une page. J’aime être dans la pénombre, car cette dernière m’a accompagné durant presque toute ma vie. Une petite bougie me suffit pour tenir compagnie à cette amie qui m’enchante tant. Le soleil ne m’a jamais secouru. Il est d’une autre planète. Tout pour moi sort de cette pénombre, et s’élève vers la petite musique de mes premiers pas sur cette terre.