MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Accueil

 

MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Le larron qui ne croyait pas au ciel
Traduction de l'espagnol (Guatemala) de Claude Couffon

" Tu avances avec ton armée vers la mort sur la tige d'un chemin qui est coupé un peu plus loin mais qui semble continuer sous un entassement de parapets de roseaux couverts de feuilles, de boue et de sable. Tu vas rouler avec tes hommes dans des ravins qui ont une profondeur de cauchemar, tandis que Caibilbalan, le Grand Mam, dirigera en personne l'attaque des roches qui dévalent et qui vous enterrera tous."


MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Une certaine mulâtresse
Traduction de l'espagnol (Guatemala) de Claude Couffon

"Veuve dépossédée vivante de la peau de ton époux que l'on t'a arrachée comme une partie de ta propre peau, tandis que se perdaient dans tes oreilles sans limites humaines le grondement des tambours terrestres et les cris noirs des messagers de la destruction qui portaient les mains à leur front en s'inclinant devant ton Goliath, abattu comme un temple sans ailes!"


MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Monsieur le Président

Traduction de l'espagnol (Guatemala) de Georges Pillement

"Les arbres se couvraient d'urubus prêts à sortir du ravin, et la peur, plus forte que la douleur, fit taire le Pantin ; à mi- chemin entre le tire-bouchon et le hérisson, il se contracta dans un silence de mort.
Le vent courait, léger, sur la plaine ; il soufflait de la ville vers la campagne, effilé, aimable, familier.
L'apparition consulta sa montre et s'en alla, après avoir mis quelques pièces dans la poche du blessé et pris congé du bûcheron avec affabilité."


MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Vélasquez

Traduction de l'espagnol (Guatemala) de Geneviève Lambert

"Le cercle de solitude infranchissable dont les rois et les princes de Vélasquez sont entourés possède une autre origine, plus complexe. Il a pour principe l'atmosphère d'amertume et de désenchantement qui imprègne de manière significative la littérature moraliste et la philosophie espagnole du XVIIe siècle - absence de confiance dans la bonté de l'homme, monde appréhendé comme un lieu obscur d'ingratitudes, de félonies et de tromperies."

"Vélasquez eut la chance de vivre et de peindre une époque conforme à son art. S'il avait vécu une génération plus tôt, son pinceau n'aurait peut-être pas produit des formes vivantes et totalement privées de transcendance, mais des formules d'atelier et des programmes théoriques. Sa peinture est typique d'une époque de l'histoire spirituelle espagnole et européenne qui a vu sombrer tous les « idéalismes » ; en réalité, il peint avec une égale absence d'irradiation morale et émotive un fruit, un broc ou un saint Jean. Qui sait si la grande révolution de Vélasquez ne tient pas au fait que, pour lui, les catégories classiques du beau et du laid n'existent pas. À la beauté « idéale », il n'oppose pas la laideur, comme le feront de manière polémique les romantiques, mais la simple concrétion exaltée de ce qu'il « voit », la reproduction impitoyable des volumes - qu'ils représentent une vulgaire taverne, des nains, des bouffons ou des princes -, sans intervenir sur la part de beauté ou de laideur que ses thèmes comportent "en soi".Avec l'impassibilité d'un esprit scientifique baroque, d'un artiste nourri de profondes exigences cosmiques, il insère ses créations dans l'intégrité de leur milieu, dans leur rapport spatial et luministe avec les autres êtres."


 

MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Le pape vert

Traduction de l'espagnol (Guatemala) de Francis de Miomandre

"La famille de mulâtres s’est accrochée avec tous ses enfants au petit lopin planté de guineyo (bananes). Mais ce fut en vain,. On les en a arrachés, on les a foulés aux pieds, on les a mis en pièces. Ils se sont accrochés au ranche. Mais ce fut en vain. Le ranch a brûlé avec leurs hardes, leurs images pieuses, et leurs outils. Ils se sont accrochés aux cendres. Mais ce fut en vain. Une vingtaine d’énergumènes, sous les ordres d’un contremaître rouquin, les expulsa à coup de fouet. "

 


MIGUEL ANCEL ASTURIAS
L'ouragan

Traduction de l'espagnol (Guatemala) de Georges Pillement

"Ils n'avaient plus la force de donner de violents signes de joie. Toute la multitude tenue éveillée était inerte, abandonnée, éparpillée, après avoir passé des jours et des nuits au travail. Cette terre sur laquelle les uns étaient assis, les autres couchés, semblait tout entière dominée par eux. Tout était dominé, sauf l'humide, immobile, aveuglante chaleur de la côte. La volonté de l'homme s'était imposée."


MIGUEL ANGEL ASTURIAS
Légendes du Guatemala

Traduction de l'espagnol (Guatemala) de Francis de Miomandre

"L'haleine des arbres éloigne les montagnes, où le chemin ondule comme un filet de fumée, la nuit tombe, les oranges surnagent, on perçoit le moindre écho, si profonde est la répercussion, dans le paysage somnolent, d'une feuille qui tombe ou d'un oiseau qui chante, et le Coucou des Rêves s'éveille dans l'âme."

"Une chronologie lente, sable de cataclysmes secoué à travers les pierres que la vérole des inscriptions corrompait comme la bave de l'hiver, avait corrompu le bois qui conservait les fastes végétaux de la chronologie des hommes peints, faisant oublier aux habitants ce qu'ils étaient en réalité : une création fictive, un amusement des dieux, et leur permettait de se croire immortels."

La page de Miguel Angel Asurias sur lieux-dits