VICTOR DEL ARBOL
Le Fils du père
Traduction de l'espagnol de
Claude Bleton et Émilie Fernandez
"Barcelone s’étalait sur des rues vides, des bus vides, des terrasses de bars vides, des trottoirs vides, des stations de taxis vides. Persiennes baissées, feux de circulation fantasmagoriques, et une arroseuse municipale qui inondait le macadam brûlant, répandant des particules cristallines d’une fraîcheur agréable. On aurait dit que toute la ville était en vacances, en ce dimanche estival. Il aimait cet état d’attente, les balcons aux ferronneries rouillées, les fleurs au pistil métallique, les jardinières en plastique, les toitures festonnées d’antennes et de pigeons, et la mer au loin ; une mer félonne, crasseuse et portuaire. Un vieux cherchait l’ombre des bananiers pour se protéger du soleil. Il traînait un petit roquet qui tenait à flairer chaque arbre. "