PETER SLOTERDIJK
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2023

PETER SLOTERDIJK
Le remords de Prométhée

Du don du feu à la destruction mondiale par le feu
Traduction de l'allemand de Olivier Mannoni

" Les hyperforêts primitives, pétrifiées et liquéfiées, sont ainsi ramenées dans le temps historique et dans l’ici et maintenant industriel par d’innombrables feux activant des machines. Ce que nous prenons pour des civilisations modernes, ce sont « en réalité » des effets d’incendies de forêt que les gens d’aujourd’hui allument dans les reliques de l’antiquité de la Terre. L’humanité moderne est un collectif d’incendiaires qui mettent le feu à des forêts et à des tourbières souterraines. "


"Parmi les complexes de la polycrise actuelle, le problème de la Chine émerge déjà en raison de sa dynamique interne. Une structure impériale comme celle de la République populaire avec son milliard d’habitants est, par sa simple existence et en raison de son impossibilité écologique à long terme, un obstacle – difficilement surmontable pour le reste du monde – à toute tentative visant à faire sortir l’humanité des impasses que constitue le pilotage politique de grandes entités – le vif rappel du caractère intenable des entités hyperétendues fait partie de l’enseignement des sciences historiques actuelles. Aucun chemin ne permet de contourner le fait qu’on doit considérer le système chinois, dans son état actuel, comme le plus dangereux hostis generis humanae – alors qu’il avait pendant un certain temps voulu passer pour un havre rayonnant de grands espoirs ; cela ne concerne pas seulement sa malignité écologique actuelle. Dans sa tentative de faire face, avec les moyens les plus extrêmes de manipulation policière des citoyens, à la contradiction entre idéologie communiste et mode de gestion hypercapitaliste, le système développe, comme si c’était inévitable, une tendance à abandonner l’autolimitation traditionnelle d’un « empire du Milieu ». Il fallait bien qu’il commence tôt ou tard à convertir sa quête d’autoconservation en projets d’expansion. La manière dont la direction chinoise et ses organes de pilotage idéologiques rendent les droits de l’homme méprisables en les présentant comme une fiction impérialiste de l’Occident révèle avec quelle précision l’on y sait que la construction de l’empire et son pouvoir ne peuvent être maintenus que par des répressions rigoureuses, la neutralisation systématique des impulsions vers la liberté et la dissidence, la démagogie nationaliste de masse, le militarisme à marche forcée et une consommation jusqu’à nouvel ordre incommensurable des combustibles fossiles – on ne sait pas en toute certitude si les annonces d’une vaste décarbonation pourront être confirmées par les événements d’ici au milieu du XXIe siècle – mieux, il paraît impossible qu’elles le soient. Avoir pu provisoirement se mettre dans l’ombre de Vladimir Poutine – l’incarnation la plus évidente, pour le moment, d’un ennemi du genre humain – est sans aucun doute fort bien tombé pour la direction chinoise. L’action douteuse de la Chine en matière d’esclavage s’inscrit dans ce tableau problématique. Le régime se targue certes d’avoir libéré ses pauvres campagnards de l’exploitation féodale à la suite de la révolution menée par Mao Zedong, mais il soumet ses citoyens prétendument libérés à un système de surveillance sans précédent historique et qui attribue à tous ses individus des rôles relevant (vu de l’extérieur) du semi-esclavage. Il n’empêche que de larges majorités (on parle de 80 % d’approbation au système de crédit social) semblent être satisfaites du processus utilisé pour leur domestication. La plupart des Chinois vivant dans des zones de relative prospérité se sont convertis en quelques petites décennies à un individualisme de la consommation teinté d’harmoniques collectivistes traditionnelles. Le système laisse un nombre non négligeable de concitoyens végéter dans des conditions de quasi-esclavagisme, j’entends par là les minorités ethnoreligieuses comme les Ouïghours, musulmans depuis le XIVe siècle, descendants d’une principauté des steppes qui fut un temps puissante, mais aussi d’autres groupes d’assez grande taille, dont les adeptes emprisonnés de la secte Falun Gong ; il les recouvre d’éléments de langage luisants comme de la laque et qui ne veulent entendre parler que d’éducation et d’harmonisation. Un système de lavage de cerveau permanent, pratiquement sans faille et englobant les générations, génère chez une majorité des sujets de la sinisation forcée une sorte d’acceptation dont l’interprétation et le pronostic nous contraindraient à recourir aux archives d’une psychosociologie noire. "


2014

 

PETER SLOTERDIJK
Les lignes et les jours

Notes 2009-2011

"Le droit à la guerre est la peste qui permet à la désinhibition de la violence de se nicher dans la pensée politique."

"Quand nous partirons, nous aurons le sentiment d'avoir passé notre enfance dans l'Antiquité, nos années de maturité dans un Moyen Age que l'on appelait la modernité et nos vieux jours dans une époque monstrueuse pour laquelle nous n'avons pas encore de nom."


2011

PETER SLOTERDIJK
Tu dois changer ta vie

L'humanité devient un concept politique. Ses membres ne sont plus des passagers sur la nef des fous de l'universalisme abstrait, mais des collaborateurs œuvrant au projet tout à fait concret et discret d'un design immunitaire global. Même si le communisme fut d'emblée un conglomérat d'un petit nombre d'idées justes et d'un grand nombre d'idées fausses, sa part rationnelle - l'idée que les intérêts vitaux communs du plus haut niveau ne peuvent être réalisés qu'à un horizon d'ascèses coopératives universelles - doit forcément, tôt ou tard, retrouver une validité. Elle pousse vers une macrostructure des immunisations globales : le co-immunisme.
Une structure de ce type porte le nom de civilisation. C'est maintenant ou jamais qu'il faut appréhender les règles de son observance. Elles fourniront le code des anthropotechniques adaptées à l'existence dans le contexte de tous les contextes. Vouloir vivre sous l'égide de ces techniques signifierait prendre la résolution d'adopter, au fil d'exercices quotidiens, les bonnes habitudes de la survie commune.

 


PETER SLOTERDIJK
Essai d'intoxication volontaire
suivi de
L'heure du crime et le temps de l'oeuvre d'art

Peter Sloterdijk : Si l'on voulait s'exprimer à l'ancienne, on pourrait dire qu'une vieille gauche décantée quitte ses cavernes oniriques et redécouvre le monde et la vie.

Carlos Oliviera : Décantée?

P S. : Un terme œnologique - le vin que l'on a versé de la bouteille dans une carafe pour le chambrer s'appelle du vin décanté, on fait surtout cela avec de grands rouges, les Bordeaux grands crus classés, le Rioja Gran Reserva, et d'autres du même ordre. En réalité, ce mot signifie « dé-chanter» une chanson, peut-être aussi désenchanter, conjurer, faire de la contre-musique. À bien y réfléchir, une grande partie de mon travail est une décantation. Je verse les vieux grands crus de la pensée dans de nouveaux récipients, j'ai relu les métaphysiciens et je les ai transvasés, je lis Heidegger avec de nouveaux yeux et je laisse chambrer ses excentricités - tout cela, ce sont des pratiques de décantation. Alors qu'est­ce qu'un théoricien est censé faire de sa journée? On est une sorte de goûteur du flot des idées, un sommelier, un contre-chanteur. Je pourrais dire une foule de choses là-dessus, l'histoire des idées est une histoire des spiritueux, ou une histoire de la contre­musique, n'est-ce pas? J'affirme en tout cas que cela fait du bien aux anciens gauchistes de changer de bouteille, ces étiquettes moisies ne disent plus rien qui vaille depuis longtemps. Il faut quitter sa bouteille lorsqu'on cherche la décantation, je l'ai dit tout à l'heure, les bons rouges en ont besoin ...

2010


2009

PETER SLOTERDIJK
Tempéraments philosophiques
De Platon à Foucault

"Beaucoup de signes avant-coureurs plaident en faveur de l'idée que les générations actuelles traversent une rupture de la forme du monde au moins aussi importante, par sa profondeur et la richesse de ses conséquences, que celle qui a donné le jour, voici deux millénaires et demi, à la philosophie classique. Une étude de cette rupture ancienne pourrait ainsi inspirer la compréhension de la rupture actuelle."


A propos de Foucault:

"Dans ces recherches menées par l'archéologue dionysiaque s'est formée cette synthèse singulière de flamboyance et de rigueur, d'érudition monumentale et de rire éclatant qui, jusqu'à ce jour, n'a cessé de déconcerter l'environnement universitaire et d'enthousiasmer les intelligences parentes. La subversion que Foucault pratique sur le savoir philosophique se trahit notamment dans sa manière de se détourner des jeux de problèmes de la philosophie officielle et dans la détermination avec laquelle il se consacre aux travaux « matériels » : on pourrait presque confondre le Foucault des premiers temps avec un psychologue et un critique littéraire, le Foucault médian et tardif avec un historien de la société et un sexologue."

[...]

Nul n'a mieux compris le principe et l'intention qui présidaient à cette recherche que Gilles Deleuze qui, en forgeant l'heureuse formule de « l'histoire universelle de la contingence » a cerné de manière prégnante ses propres intentions étroitement apparentées à celles de Foucault.


2008

PETER SLOTERDIJK
Théorie des après-guerres

Le reste de l'Europe, y compris ce « voisin» qu'est l'Allemagne, pourrait s'en accommoder si l'héritage structurel gaulliste de la France n'avait pas développé une existence autonome non dénuée de danger: celle-ci va de l'unilatéralisme à peine voilé de la doctrine nucléaire française jusqu'aux jeux sub-impérialistes de l'armée française en Afrique et en outre-mer. Mais le plus préoccupant est le potentiel hystérogène qui découle de la liaison entre le présidentialisme et le populisme médiatique - un potentiel auquel de Gaulle, nietzschéen politique et illusionniste au service du tout, avait déjà eu recours, et qu'il avait utilisé avec virtuosité. Même affadi, l'héritage du gaullisme constitue un risque incalculable pour l'Europe, et les membres de la Communauté européenne feront bien d'observer attentivement l'expérience Sarkozy pour laquelle les Français se sont décidés en mai 2007.


2007

PETER SLOTERDIJK
Colère et Temps

Lorsque la volonté révolutionnaire devient un rôle d'action parfaitement formé et doit maîtriser de longs cycles temporels, une psychopolitique explicite se révèle indispensable, aussi bien vers l'intérieur que vers l'extérieur. C'est à elle qu'échoit la mission de créer une réserve de colère disponible pour repousser les tentations dépressives qui se mettent inévitablement en place après des revers politiques - que l'on songe par exemple à l'emigration blues de Lénine et à l'intensification de ses maladies nerveuses après l'échec des espoirs révolutionnaires de 1905. Le bon chemin semble être de travailler à une relation fixe entre la gaieté et le militantisme. Dans une lettre adressée à Karl Marx le 13 février 1851, Friedrich Engels a formulé une partie des règles de prudence politique, qui permettent au révolutionnaire de survivre au cœur du « tourbillon» historique. Il faut entre autres veiller jalousement à sa propre supériorité intellectuelle et à son indépendance matérielle « en étant objectivement plus révolutionnaire que les autres ». Il convient par conséquent d'éviter toute position officielle dans l'État, et si possible aussi toute fonction au sein du Parti. Quand on est objectivement révolutionnaire, on n'a pas besoin d'une confirmation formelle de l'administration - ni des acclamations « d'une bande d'ânes qui ne jurent que par nous parce qu'ils nous prennent pour leurs semblables ». Donc « Pas de siège au comité trucmuche, pas de responsabilités pour les ânes, une critique impitoyable de tous, et là-dessus cette gaieté que toutes les conspirations de têtes de mouton n'arriveront tout de même pas à nous prendre ». Ainsi, cette recommandation aristotélicienne : «Ne jamais haïr, mais mépriser souvent » s'éveille à une nouvelle vie révolutionnaire.

 


2006

PETER SLOTERDIJK
Le Palais de cristal

Depuis que le divertissement, comme agent de désinhibition, gagne du terrain, à partir des années quatre-vingt, on peut même renoncer au prétexte de l'innovation. Devenus souverainistes du vulgaire, les acteurs de la culture du divertissement s' ébattent sur leurs surfaces de bien-être et considèrent que le se-laisser-aller de son plein gré constitue une motivation suffisante. Ils pourraient renoncer aux consultants parce qu' ils s' adressent directement à leurs séducteurs; ils font tout au plus confiance à leur amuseur, leur entraîneur, celui qui leur écrit leurs bons mots. Est souverain celui qui décide lui-même dans quel piège il veut tomber.


PETER SLOTERDIJK
Derrida, un Egyptien

Derrida vient tout juste de se référer à la théorie hégélienne de l'imagination comme souvenir, selon laquelle l'intelligence est semblable à un puits (menant verticalement vers la profondeur, comme un puits d'eau potable ou un puits d'installation minière) et au fond duquel sont « inconsciemment conservées » images et voix de la vie antérieure. De ce point de vue, l'intelligence est une sorte d'archives souterraines dans lesquelles reposent, telles des inscriptions précédant l'écrit, les traces de ce qui a été. À ce propos Derrida dit soudain quelque chose de très surprenant :
« Un chemin, nous le suivons, conduit de ce puit de nuit, silencieux comme la mort et résonnant de toutes les puissances de voix qu'il tient en réserve, à telle pyramide, ramenée du désert égyptien, qui s'élèvera tout à l'heure sur le tissu sobre et abstrait du texte hégélien, y composant la stature et le statut du signe. »

2006


PETER SLOTERDIJK
Ecumes. Sphères III

"Jamais auparavent le maintien de l'affirmation de soi n'avait dépendu d'un aussi grand nombre de prestations supplémentaires, qui dépassent le niveau défensif ordinaire. Le sens immunologique de la créativité apparaît ainsi au grand jour ; cette créativité est au service des forces de tension qui ouvrent des sphères vitales concrètes et maintiennent en forme les improvisations locales. Ne vous souciez pas de la créativité du jour suivant ; il suffit que chaque journée ait son propre élan."

"Sous la cloche sémantique totalitaire, les gens ne cessent d'inhaler leurs propres mensonges, devenus l'opinion publique, et choisissant volontairement l'absence de liberté, évoluent désormais dans une transe opportuniste. À l'intérieur de ce type d atmosphères toxiques, on reconnalt encore plus fortement les individus comme ce qu'ils sont déjà dans des conditions plus libres - des « somnambules » se déplaçant comme s'ils étaient téléguidés dans le « rêve social éveillé ». Au journaliste revient le rôle des anesthésistes, qui veillent sur la stabilité de la transe collective."

"Ainsi commence à progresser l'idée selon laquelle la vie tient moins dans l'être-là par ouverture et participation au tout qu'elle ne se stabilise par autofermeture et refus sélectif de la participation."

"L'identité est une prothèse d'évidence en terrain incertain.[...] Admettons-le: tant que je considère que le fait essentiel de mon existence est que je suis Corse, ou Arménien, ou Irlandais protestant, les modernismes de ce type ne me regardent pas. Je me comporte alors comme un ready-made ethnique et je me prépare pour des entrées dans le bazar de la multiculture. S'il le faut vraiment, je descends même dans la rue pour défendre la chasse au renard en Grande-Bretagne. Mais si le refuge dans le type ne me dit rien, je devrais m'intéresser à la création des bases intérieures sur lesquelles j'aimerais me tenir jusqu'à nouvel ordre."

2005


PETER SLOTERDIJK
Ni le soleil ni la mort

L'individu actif, bien expansif, est intégré à un processus de détente de l'espace ou de production d'horizon, dans un balancement permanent entre resserrement et élargissement."

2003


PETER SLOTERDIJK
Bulles
Sphères I

"Là où tout est devenu centre, il n'existe plus de centre valide; là où tout émet, l'émetteur supposé central se perd dans le flot des messages entremêlés.Nous voyons comment et pourquoi l'ère du cercle de l'unité, l'unique, le plus grand, celui qui englobe toute chose, et celle de ses exégètes courbés est irrévocablement passée. L'image morphologique du monde polysphérique que nous habitons n'est plus la sphère, mais l'écume. La mise en réseau actuelle, qui encercle la terre entière - avec toutes ses excroissances dans le virtuel - ne représente donc pas tant, d'un point de vue structurel, une globalisation qu'une écumisation."

2002


PETER SLOTERDIJK
Règles pour le parc humain

"Le lecteur moderne - qui se remémore les lycées humanistes de l'époque bourgeoise et l'eugénisme fasciste, mais regarde aussi vers le futur et l'ère biotechnologique - ne peut pas ne pas voir le caractères explosif de ces réflexions. Ce que Platon fait dire à son étranger constitue le programme d'une société humaniste qui s'incarne dans un humaniste absolu et unique, le maître de l'art pastoral royal. La mission de ce sur-humaniste ne serait autre que de planifier des qualités pour une élite qu'il faudrait spécialement élever au nom de la globalité."

2000


1987

PETER SLOTERDIJK
Critique de la raison cynique

"Les yeux sont le modèle organique de la philosophie - leur énigme, c'est qu'ils ne voient pas seulement, mais sont également à même de se voir voyant. Une bonne partie de la pensée philosophique n'est à proprement parler qu'une réflexion des yeux, elle n'est que se voir voir. Il faut pour cela des médias réfléchissants : miroirs, surfaces d'eau, métaux et autres yeux, à travers lesquels la vision de la vision devient visible."

 

"Je découvre dans le "je meurs" heideggerien le noyau de cristallisation autour duquel peut se développer une philosophie de la réalité du kunisme renouvelé. Aucune fin du monde ne doit s'éloigner de cet à priori kunique : "Je meurs", au point que notre mort devient moyen d'une fin. Car c'est justement le fait que notre vie est privée de sens - un fait autour duquel se déversent tant de bavardages sur le nihilisme - qui justifie son grand prix. A la privation de sens ne s'associent pas seulement le désespoir et le cauchemar d'un Dasein accablé, mais également une fête de la vie, créatrice de sens, une conscience énergétique dans l'ici et maintenant, une fête océanique."

 

"Dans nos meilleurs moments, quand la réussite intègre l'action, même la plus énergique, dans le laisser aller des choses et que le rythme de l'être vivant nous porte spontanément, le courage peut se manifester tout à coup comme une clarté euphorique ou comme un sérieux merveilleusement placide. Il réveille en nous la présence. En elle, l'état de veille s'élève tout à coup à la hauteur de l'être. Frais et clair, tout instant entre dans votre espace ; vous n'êtes pas différent de sa clarté, de sa fraîcheur, de sa jubilisation. Les mauvaises expériences reculent devant les occasions nouvelles. Nulle histoire ne vous fait vieillir. Les sécheresses du coeur de naguère ne nous dictent rien. A la lumière d'une telle présence d'esprit, le cercle magique des répétitions est rompu. Tout instant conscient abolit le désespoir de ce qui a été et devient le premier instant d'une Autre Histoire."