Août racaille
Midi la terrasse :
Être ou ne pas être l'été.
Et si les pêches
Pouvaient nous guérir
De l'été.
*
Minuit les épiciers
De chez Adam Smith :
Laisser faire
Laisser pisser.
Profession pisseur fils de pisseur DPLG.
*
Minuit la terrasse :
J’agite la main pour la énième fois
Elle s’envole
Elle s'envole aux quatre vents de la ville
Et me revient mouche
Mouche croyant dur comme fer
Que je joue avec elle
Pas du tout
Et merde !
Midi gisant
Pain
Caviar-olives
Olives-caviar
Thé
Le tiercé gagnant le matin
Jouer comme à sweerty moulana
Jouer à qui perd gagne le nord versant sud
Y aller donc
Y aller de ce pas
À où
Mais d’abord j’exige
J’exige je réclame un peu de silence
D’où curieusement le silence finira par se laisser réclamer
Par moi.
*
Midi pile :
De rien en rien
Camper son rien.
Midi trente-six :
De rien en rien
Y aller crescendo
Sur cette terrasse
De café et d’injures
À l’adresse du temps.
*
Qu'est-ce que c'est beau
Un regard furtif
Quand ça ne te regarde même pas.
*
- À force de ne plus manifester sur le carreau du parlement, de ne plus rien revendiquer du tout, une ronde d'éditeurs hexagonaux veillant au grain, qui passait par-là, passa et le ramassa vite fait, bien fait, le ramassa lui et sa maman de poète à la con, lui et la religion du vagin de sa maman de poète à la con !
Quand il faut
Laisser de côté l'océan
Façon Jalal-Eddine Rûmi
Laisser de côté l'océan
Pour regarder avec l’œil de la mer.
*
Que peut la poésie
Ou pas
Des fois qu'il faille
S'interroger sur rien ?
De la poésie du vécu,
De l'urgence quotidienne.
- Au fait, c'est quoi une tautologie ?
- Une chemise à carreaux, l'été !
Diptyque
- Et sinon lui, il fait quoi dans la vie ?
- Euh...on se le demande aussi.
Et sinon lui le dimanche, il fait vendeur de matchs de foot de 3ème série retour, il fait poète de merde à ronces-royce, le comble.
*
Embarquer
De Bab Boujloud, la Porte Bleue de Fès, faire les deux Tal'aa, la Grande et la Petite, puis Moulay Idriss, puis Les Dinandiers pour déboucher sur R'cif et te voilà à quai pour un Nouveau départ façon Rimbaud, dans l'affection et le bruit neufs
Aux aurores embarquer
Pour chanter faux
La lueur.
Quadrature II
Avec des cols durs au menton
Des lèvres gluantes et des poignets étroitement boutonnés
Nous nous tenons debout pour manger
Debout pour désirer.
Nous frappons sur les mouches
Avec des poèmes et des mouchoirs.
#Mohamed_Al_Maghout - Étoiles et pluies
(Et sinon pour la chute, ces deux vers comme distique final " Nous frappons sur les mouches / Et les mouches frappent sur nous ", qu'est-ce que ça aurait été somptueux. D’ailleurs, ni Benjamin Péret, ni Mohamed Al-Maghout n'en auraient eu à redire, il me semble…).
*
Midi la terrasse
Pour faire injure au temps.
Prendre un café dans la rue, la belle affaire !
Midi la verticale du lundi :
Plus tu comprends et plus tu gonfles, façon Tarkos.
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Il avait deux chaises de bois, deux chaises de bois blanc, qu'il mettait l'une à côté de l'autre, s'asseyait alternativement dessus, lisait, lisait avec appétit, jusqu'à ce qu'il devint le plus grand savant de son pays.
Morale de l'histoire : rien.
Et si les pêches pouvaient nous guérir de l’été ?...
*
Midi trente-six :
Profession vendeur de matchs de foot de troisième série (retour)
Et poète de merde à ronces-royce
Le comble.
Poèmes racailles
Minuit gisant
Arbre
Arbre
À chacun de ses pas
Qu'est-ce qu'il est menteur
Comme poète
Celui-là
Sous l'arbre de minuit gisant.
*
La mer faisant face à l'océan
Et l'océan qui n’est pas là
Qui n'est même pas là
Qui n’est jamais là.
Qu’est-ce qu’il est imbattable
Quand il s'agit de bluffer le monde,
Cette saloperie d'océan à la con
Qui n'est plus là
Qui n'est plus.
*
Trois heures du matin sec :
- Encore un petit pourri pour la route, s’il te plaît garçon !
- Combien d’étrons ?
- Deux.
- Avec ou sans océan ?
- Sans.
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Minuit la terrasse :
Un poème est une ville demandant à une horloge pourquoi. #CharlesBukowski
*
Voici le commencement d'une année qui sera sans doute aussi ennuyeuse, aussi bête, aussi criminelle que toutes les précédentes. #CharlesBaudelaire
Profession coupeur de grand chemin
À ocre
Traverser
Meubler les lieux du temps
Tant que la brèche
Engendre le mur.
*
Ouaf !
Ouaf !
Ouahoouuu !
( ça veut dire Va te faire cuire un œuf au plat, dans le jargon chien, chien de faïence...)
*
Tant que tu marches tant que reluisent
Tes souliers dans la pénombre
Tu auras toujours
Toujours
La conscience tranquille
Profession coupeur de grand chemin
De fer en train
De pérorer.
Diptyque
Sous le bâillon
Le poème claironnait-il
À brûle-pourpoint.
Qu'est-ce que c'est menteur
Un poème
Et cachottier en plus.
D’où, mathématiquement parlant, le non du oui d’un poème est un non-poème, te dirait sans faute A. Porchia.
Je mens, donc je suis.
*
Terrasse
Café couilles
Et un connard qui passe.
Qu’est-ce que c’est moche
Un connard qui passe
Suivi de son ombre
Tout aussi connarde que lui
Un couple de connards, quoi !
Quadrature
Quand le poisson poisse
Et puis
Il y a
Le rat qui penche
Penche
Penche-toi, penche
Ô rat qui rit
Rit
Et puis
Il y a
Dieu Bacchus
Lors d’une descente transversale
Dans un bar pouilleux de la ville :
Oh mes fils ! / Oh mes fils !
Chui venu ! / Chui venu !
Et même si !
Et même si !
Chui venu !
J’en ai marre ! Marre marre !
De vous tous mes fils !
De vous tous mes fils de pute !
Et puis
Il y a
L’océan qui fait pschiitt…
Pschiiiitt…
D’où grabuge dans la meule.
Trois en un
Midi grégaire :
Il fut un temps
Où nous fûmes tous
- À la terrasse du café.
La vie sans tabac je te jure
C’est pas une vie.
*
Qu'est-ce qu'ils sont minables
Tous ces gens qui partent en voyage
Qui partent sans rien me dire
Qui partent sans moi.
*
Quand le poème évolue
T'évolue
T'impacte.
Trois poèmes racailles
Un Brautigan
Un Bukowski
Ça change du tout au tout
Morale de l'histoire : à bas Dylan, à bas la poésie.
*
Quand
Tu n’as strictement
Rien à dire
Et que
Tu le dis
C’est tout.
*
La poésie
C’est de la merde
Il n’y a pas à dire.
Maille que maille
Profession poète de merde
Et fier de l'être.
Il voulait voir Byzance
Et tant pis pour Byzance.
*
Quand un chat déclame du Maghout sans fautes ni gutturales.
D'ailleurs les chats ont horreur des gutturales, ils ne les prononcent jamais, jamais sur les rives du Bouregreg.
Phalène
Minuit l’heure étale
En mode yo-yo :
Plus ça descend
Et plus ça remonte
S’étend
Dépend
Pend
Façon minuit l’apnée
Minuit l'intégrale.
*
Minuit pile, ce corps d'état de nuire.
J'insulte le temps.
*
Minuit trente-six,
Y'en a marre de la poésie.