On ne dissout pas un soulèvement
Collectif: 40 voix pour Les Soulèvements de la Terre
Geneviève Azam, Jérôme Baschet, Aurélien Berlan, Blue Monk, Christophe Bonneuil, Isabelle Cambourakis, Confédération paysanne, Alain Damasio, Des cantinières et cantiniers de l’Ouest, Philippe Descola, Virginie Despentes, Alix F., Malcom Ferdinand, David Gé Bartoli, Sophie Gosselin, Florence Habets, Lea Hobson, Celia Izoard, François Jarrige, Léna Lazare, Julien Le Guet, Cy Lecerf Maulpoix, Martine Luterre, Marcelle et Marcel, Virginie Maris, Tanguy Martin, Gaïa Marx, Baptiste Morizot, Naturalistes des Terres, Kassim Niamanouch, Lotta Nouqui, Alessandro Pignocchi, Geneviève Pruvost, Kristin Ross, Scientifiques en rébellion, Isabelle Stengers, Françoise Vergès, Eduardo Viveiros de Castro, Terra Zassoulitch et des dizaines d'organisations internationales.
Philippe Descola : "Ce mouvement d’appropriation des terres, à l’origine de ce que Marx a analysé sous l’expression d’accumulation primitive du capital, s’est poursuivi en Europe de façon insidieuse et à grande échelle jusqu’au XIXe siècle, par exemple avec la spoliation des landes de Gascogne, une zone humide occupée et utilisée en commun par des éleveurs de moutons, expropriés par l’Empire de Napoléon le Petit dans ce qui fut en France l’un des plus grands hold-up de terres des siècles passés, non pas tant au prétexte officiel d’assainir des marécages insalubres, mais bien plutôt pour offrir de juteux profits aux grands bourgeois ayant les moyens d’acquérir les vastes domaines préemptés par l’État et de planter, pour le gemmage, la forêt de pins qui domine actuellement la région. "
Kristin Ross : "C’est la forme même du mouvement qui m’intéresse et qui, pour moi, évoque une variation ancienne de celle de la commune, retravaillée et rendue disponible pour affronter les nouvelles conditions sociales, économiques et écologiques du présent. La forme-commune est une manière de faire vivre les communs, qui éclôt quand l’État se retire."
Alain Damasio : " Le vivant n’est pas une mode, un thème, un ADN code, c’est un milieu. C’est un champ qui nous traverse, dans lequel nous sommes immergés, fondus ou électrisés. Si bien que s’il existe une éthique, en tant qu’être humain, ce serait juste d’être digne de ce don sublime d’être vivant."
Baptiste Morizot : " La sécheresse est un trauma transpécifique : il circule à travers la barrière des espèces. On voit un arbre assoiffé, une prairie asséchée, et on le ressent dans notre chair. On parle en botanique de stress hydrique pour les plantes, en faisant circuler un concept qu’on croyait seulement animal, qu’on connaît bien de l’intérieur de nos corps, vers des formes de vie très éloignées. La sécheresse végétale stresse tout le milieu jusqu’à nous. Toute la vie l’a en partage. Rien ne noue mieux un humain à sa condition de vivant qu’une sécheresse."
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